Bernard-Michel Boissier raconte ici un des épisodes les plus marquants de sa vie : sa rencontre avec Carl Gustav Jung à Küsnacht en Suisse. A seulement 19 ans, il passera une après-midi entière dans la demeure privée du “médecin des profondeurs de l’âme” à parler de l’inconscient et de la vie. Ce jour même, il fera une deuxième rencontre exceptionnelle puisque Jung l’introduira auprès de Napoleon Hill, l’auteur de la philosophie du succès la plus aboutie (“Think and Grow Rich”, plus de 75 millions d’exemplaires vendus). Il deviendra l’élève de Hill pendant trois années avant de poursuivre une carrière de chercheur indépendant en neuroscience (sur les conseils de Jung) qui l’amènera à inventer les techniques mentales les plus puissantes du marché pour développer sa créativité et réussir sa vie. Il raconte …
Surviennent dans notre vie, des événements totalement inexplicables, qui semblent se produire à notre insu dans un synchronisme parfait. Des faits qui renferment toujours un sens profond dont le but est de nous conduire vers notre destin.
L’année qui a précédé ma rencontre avec Carl Gustav Jung a été très riche en péripéties et en circonstances apparemment fortuites.
Il m’arrivait très souvent après mes cours de médecine de me promener sur les quais de la Seine, sans but précis, au gré de ma fantaisie au milieu des bouquinistes, des échoppes de livres rares et anciens qui entretenaient la vie et l’âme du quartier latin.
Ce jour-là, je m’apprêtais à vivre une aventure que je n’étais pas prêt d’oublier. Une expérience à la fois émouvante et troublante de l’inconscient, en réalisant que je savais, mais je ne savais pas que je savais qu’en rentrant dans cette sombre et vieille échoppe, juste en face Notre Dame de Paris « Les Editions Traditionnelles », j’allais sceller mon destin.
En fait, j’étais passé de nombreuses fois devant cette vieille boutique de livres rares et anciens sans jamais y entrer, tant le lieu, vu de l’extérieur, me semblait vieillot, sinistre et sombre. Mais un jour de janvier 1959, les circonstances m’ont amené à y pénétrer pour m’abriter d’une violente tempête de neige.
La première personne à m’accueillir dans cette vieille boutique fut le maître des lieux, Paul Chacornac (1884-1964). C’était un personnage impressionnant, haut en couleur, auquel on ne pouvait donner d’âge tant il paraissait vieux et fatigué. Son visage au teint cireux était comme dissimulé par une grande barbe blanche. Ce qui m’avait frappé le plus était ses grosses lunettes d’écaille aux verres fumés. Il m’invita chaleureusement à venir me réchauffer autour d’un bon poêle à bois. Une fois réchauffé, je me sentais mieux, mais dehors la neige continuait à tomber de plus belle. Je me suis alors approché des rayons sur lesquels étaient posés les livres avec des titres très évocateurs de l’ésotérisme, de la franc-maçonnerie et même des ouvrages traitant de l’occultisme. Un seul livre, un petit livre à la couverture rouge-orangée dont l’édition datait de 1946 avait attiré mon attention : « L’homme à la découverte de son âme ». Son auteur, Carl Gustav Jung, ne m’était pas inconnu, son nom et son œuvre avaient été évoqués en cours de philosophie par notre professeur, un jésuite très érudit, qui nous avait fait découvrir l’univers de la psychologie-analytique et de l’interprétation des rêves.
Un seul livre, un petit livre à la couverture rouge dont l’édition datait de 1946 avait attiré mon attention : L’homme à la découverte de son âme.
Alors que j’avais ce livre entre les mains, Paul Chacornac me présenta à un homme qui me conseilla vivement cette lecture. Ce monsieur s’appelait Paul Clément Jagot (1889-1962), un auteur à succès, qui avait écrit de très nombreux ouvrages dont certains sont encore très recherchés aujourd’hui.
Ne sachant pourquoi et dans un élan de générosité, Paul Chacornac m’offrit le livre de Jung. Cette édition originale de 1946 était un exemplaire numéroté que je possède encore aujourd’hui. Il est le témoignage d’une des périodes les plus riches de ma vie.
Finalement, je ne reverrais plus ni Monsieur Chacornac ni sa “maison du quai Saint-Michel”, nom qu’avait donné le noyau d’intellectuels qui se réunissaient autour du vieil éditeur.
Difficile de dire à ce moment-là comment j’allais rencontrer Jung un an plus tard. Mais ce livre que m’avait offert Paul Chacornac me servit en quelque sorte de fil conducteur avant de nouvelles circonstance fortuites…
Un jour, une surprise de taille m’attendait chez ma grand-mère et j’allais avoir le sésame auquel je ne pensais pas. Sa cousine Laurine, qui habitait Zurich, était venue nous rendre visite. Et j’appris qu’elle était la femme du pasteur de Küsnacht, là où habitait le professeur Jung. Mon cousin éloigné Wilfried était donc le pasteur du célèbre psychiatre qu’il rencontrait chaque semaine.
Mon cousin éloigné Wilfried était le pasteur du célèbre psychiatre qu’il rencontrait chaque semaine
On peut aisément deviner la suite… J’ai été invité durant les vacances de Pâques chez mes cousins à Zurich et le 19 avril 1960, je me suis retrouvé à Küsnacht, une très jolie bourgade résidentielle située à une dizaine de kilomètres de Zurich, sur le bord du magnifique lac du même nom.
La demeure de la famille Jung donnait d’un côté sur la route très peu fréquentée à l’époque, au 228 « Seestrasse » (route du lac en français), et de l’autre côté en bordure de l’eau.
J’ai le souvenir que l’on entrait dans un beau jardin très bien entretenu auquel le maître des lieux portait une attention toute particulière. L’imposante demeure se trouvait tout au fond comme dissimulée par une luxuriante végétation. Une longue allée bordée de petits sapins conduisait à la très belle porte d’entrée. Je me souviens très bien d’un grand arbre, majestueux et imposant, un grand et solide peuplier. Mon cousin éloigné pasteur m’avait confié que c’était l’arbre sous lequel le vieux sage de Küsnacht venait se reposer et méditer aux beaux jours.
Au bout de la grande allée, après un trajet qui m’a paru interminable, nous sommes arrivés devant cette porte qu’il me fallait franchir. A cet instant précis, j’aurais été incapable de dire à quoi j’occupais mon esprit tant mon angoisse, sûrement une peur inconsciente de l’inconnu, me faisait penser à un lion ou à un dragon que je m’apprêtais à affronter, mais surtout la peur de la grandeur que j’allais découvrir.
Peut-être savais-je que derrière cette porte, rendue encore plus impressionnante par mon imagination, c’était moi ou un autre moi qui allait s’éveiller.
C’était moi ou un autre moi qui allait s’éveiller
Je suis revenu brutalement à la réalité quand le pasteur m’a montré au-dessus de la porte d’entrée une inscription gravée dans la pierre. Quelques mots écrits en latin dont la traduction était : « Appelé ou non appelé, Dieu sera toujours présent ». Ces mots venaient me remémorer que nous étions chez le grand homme, auteur du chef d’œuvre : L’homme à la découverte de son âme.
Ruth Bayley, la dame de compagnie du professeur Jung, nous accueillit et nous installa dans un très confortable petit salon qui servait de bureau de travail à l’illustre psychiatre.
J’apprendrais par la suite que nous étions dans le « sein des seins » de la demeure où le vieux sage de Küsnacht recevait ses hôtes de marque. Les dernières personnalités qui nous avaient précédés de quelques semaines dans ce lieu étaient John Freeman, directeur de la BBC (interview ci-dessous), un familier de la maison, accompagné de l’éditeur parisien Robert Laffont à propos du manuscrit de L’homme et ses symboles. L’unique ouvrage que C.G. Jung a accepté d’écrire pour le grand public.
Un ouvrage, que Napoleon Hill, recommandait à tous ceux qui envisageaient une approche de l’esprit dans la science de l’accomplissement personnel. Une œuvre inspirante que fait Jung de l’humain avec son côté spirituel des choses pour démontrer le pouvoir insoupçonné de l’imagination créatrice.
Depuis mon arrivée dans cette fascinante pièce, j’avais remarqué la féérie de la lumière passant à travers un vitrail, comme on en trouve dans les cathédrales gothiques, qui donnait à l’endroit un caractère magique et sacré à la fois. J’étais littéralement fasciné par cette lumière qui illuminait toute la pièce, comme si cette lumière venait d’un ailleurs…
J’ai été tiré de ma douce rêverie par l’entrée du maître des lieux. Je m’attendais à me trouver en présence d’un vieil homme fatigué mais il n’en n’était rien. J’étais face à un homme aux cheveux tout blanc, « tiré à quatre épingles » comme se plaisait à dire ma grand-mère paternelle en parlant d’un homme du monde, bien éduqué, énergique et courtois.
Les présentations faites, le professeur me mit très vite à l’aise. Je me souviens de la rencontre, comme si cela se déroulait aujourd’hui, un rendez-vous que j’appréhendais, mais qu’en même temps je désirais ardemment. Une situation certes impressionnante, mais surtout émouvante et bouleversante. Alors que la discussion commençait, mon cousin éloigné pasteur s’éclipsa discrètement pour nous laisser en tête à tête en demandant à la dame de compagnie de le prévenir à l’issue de l’entretien.
Une situation certes impressionnante, mais surtout émouvante et bouleversante.
Carl Gustav Jung me questionna à propos de ma venue en Suisse en me parlant de la France qu’il aimait beaucoup, et me confia qu’il aurait voulu aller plus souvent à Paris…
Il me posa beaucoup de questions concernant ma famille et mon enfance. Il me dit aussi qu’il était très heureux de pouvoir parler en français, langue qu’il parlait couramment malgré un accent germanique assez prononcé. Il me révéla, sur le ton de la confidence, qu’il écrivait aussi en français, et que d’ailleurs, il était en train de rédiger en français la première partie d’un ouvrage à la demande d’un éditeur de Paris, Robert Laffont.
Je me souviens qu’il m’avait demandé de lui raconter la manière dont je voyais mon avenir, mais j’avoue bien franchement que je ne savais pas vraiment que lui répondre : la médecine ? “Mais quelle médecine ?” Me questionna-t-il. “La médecine du corps”, celle que l’on enseigne à Paris ou une autre médecine, celle du “corps et de l’esprit” que l’on enseigne en Suisse et en Allemagne ?
Apprendre qu’il existait deux médecines, deux approches scientifiques différentes, était pour moi un objet d’étonnement et de questionnement. Il ne me laissa pas le temps de lui poser les nombreuses questions que j’avais en tête, il les formula lui-même, comme s’il lisait à livre ouvert dans mon esprit. Il m’expliqua que les Français, à son sens, sont d’une façon générale peu ouverts aux choses de l’esprit. Il faut dire, continua le vieux médecin de Küsnacht, que la France a toujours été considérée comme étant la fille ainée de l’Église, et quoi qu’en pensent les scientifiques français, enfermée dans un matérialisme souvent réducteur et stérile. L’Église a modelé, pour ne pas dire conditionné, les esprits de façon indélébile. Même si aujourd’hui (on est en 1960), les français sont sortis de son emprise, ils ne sont plus attachés à la religion que de manière plutôt négative, ce qui revient à dire que les français ne sont plus vraiment en contact avec leur esprit.
Il m’expliqua que les Français, à son sens, sont d’une façon générale peu ouverts aux choses de l’esprit.
Il décrivait déjà à cette époque un portrait de la France qui peut expliquer bon nombre de résistances aux changements. Mais ce n’était pas tout et la réflexion que proposa le grand philosophe fut encore plus édifiante, surtout elle pourrait sembler plus actuelle que jamais. En effet, d’après Jung, la majorité des français et des européens, contrairement aux anglo-saxons et plus particulièrement aux américains, sont peu prédisposés à accepter les remises en question de leurs croyances. Ces certitudes se sont enracinées depuis plus d’un siècle (milieu du XIXe) depuis l’avènement de la science, cette nouvelle religion avec ses dogmes intransigeants dont se réclament aussi malheureusement la médecine et la psychologie.
Je reconnais bien humblement que je ne comprenais pas tout ce que disait ce grand monsieur, assis en face de moi, comme aurait pu le faire un grand père envers son petit-fils en parlant librement de son futur d’homme. Il continua en me demandant avec insistance de me livrer le contenu de mon rêve lorsque j’étais au collège à l’âge de treize ans.
J’ai le souvenir qu’il m’écoutait, silencieux, les yeux mi-clos, hochant la tête comme pour m’inviter à continuer, ne m’interrompant que pour éclaircir certains points du récit qui me semblaient, à cet instant des plus difficiles à rassembler, tant ils m’apparaissaient avec le recul du temps de plus en plus confus, aussi anodins qu’irréels.
Je me rappelle qu’il leva les yeux vers moi, me transperçant littéralement d’un regard qui semblait plonger jusqu’aux tréfonds de mon âme, recherchant ce qu’il y avait de plus secret en moi.
Je me rappelle qu’il leva les yeux vers moi, me transperçant littéralement d’un regard qui semblait plonger jusqu’au tréfonds de mon âme
J’étais comme fasciné par le vitrail de la pièce, j’avais l’étrange impression qu’un énorme cierge éclairait l’endroit où nous nous trouvions. Je n’entendais plus qu’un léger bruissement, comme le vent dans les arbres et je me retrouvais au milieu d’une clairière dans une épaisse forêt, mais je me sentais rassuré par la douce lumière qui à présent passait à travers les feuillages.
Reprenant mes esprit après un temps qui m’avait paru interminable, mais qui en réalité n’avait duré qu’un très court instant, je me demandais où se trouvait le réel et l’irréel de cette situation. C.G. Jung m’apporta un début de réponse en me parlant de la réalité dans laquelle nous vivons et d’une autre réalité, la réalité intérieure, à laquelle nous pouvons accéder. Mais il m’indiqua que nous n’y accédons malheureusement pas toujours comme on le voudrait, parce qu’il faut passer par un ailleurs, invisible, incontrôlable, non maîtrisable : l’inconscient.
Il faut passer par un ailleurs, invisible, incontrôlable, non maîtrisable : l’inconscient.
Plus de cinquante ans après cette rencontre, lorsque je me remémore cette scène, j’éprouve toujours le même sentiment, le même frisson qui m’avait envahi de la tête jusqu’au bout des pieds…
La rencontre avec Jung porta principalement sur le sens et le message de l’inconscient à propos de mon rêve d’adolescent. “Le rêve, une manifestation de l’inconscient perçue et interprété par l’inconscient” écrit-il dans « L’homme à la découverte de son âme ».
Il me dit qu’en chacun de nous existe un autre être, notre guide intérieur, qui nous parle en nous faisant savoir ce qu’il attend de nous à travers nos rêves. C’était mot pour mot ce que m’avait dit Paul Clément Jagot un an plus tôt dans la vieille boutique. C’est un principe que j’ai retrouvé par la suite dans son ouvrage que je lisais et relisais sans cesse, sans toujours en comprendre le sens : en chacun de nous un autre nous-même, que nous ne connaissons pas, nous parle à travers le rêve…
Jung m’apportait ici la preuve que nul ne peut prétendre détenir le monopole de l’esprit, bien que par la suite je rencontrerai de nombreux gourous, maîtres spirituels, démiurges d’occident et d’orient dont la prétention est de détenir l’exclusivité de l’âme…
Jung m’apportait ici la preuve que nul ne peut prétendre détenir le monopole de l’esprit
Quant à mon rêve, mon guide intérieur, il me faisait savoir par la voix du vieux sage de Küsnacht, quel chemin je devais suivre pour que ce rêve devienne réalité. Mais Jung me dit que rien n’était jamais écrit d’avance, que nous disposions en permanence d’un libre arbitre. Que l’inconscient nous faisait connaître la croisée des chemins et non le chemin lui-même, et que c’était au moi (le rapport que l’on a avec sa personnalité) de faire l’expérience du message qui se trouve dans l’inconscient.
Cet échange était tout sauf habituel et il me fallait m’accrocher pour le suivre. L’objet de la discussion, le rapport du rêve à l’inconscient, était plutôt ardu ; mais par bonheur je retrouvais par la suite l’essentiel du discours dans l’ouvrage « L’homme à la découverte de son âme », un livre qui me servait de guide, peut-être le guide intérieur dont parlait Paul Clément Jagot.
L’inconscient nous faisait connaître la croisée des chemins et non le chemin lui-même
Je prenais petit à petit conscience d’être à la croisée de deux chemins et j’allais devoir faire un choix. Mais je ne savais pas que ce choix de vie je l’avais fait avant de connaître Jung : il existait déjà dans l’invisible et l’inconscient. Un choix que je pouvais néanmoins délibérément refuser de suivre si je prenais la décision de me détourner du sens du message que m’envoyait l’inconscient à travers mon rêve.
Je pouvais choisir parmi les deux chemins suivants : l’un facile et rapide conduisant à la démarche matérialiste pour aboutir au cerveau-machine, l’autre long et difficile empruntant la voie de la spiritualité, celle qui conduit à la relation du cerveau et de l’esprit.
Le professeur Jung me mit en garde, comme dans un avertissement prophétique, contre le besoin de maîtrise et de puissance de l’esprit que certains prônent comme un nouveau culte qui affirme la toute-puissance de la pensée sur le réel. Une toute puissance déshumanisante qui incite à un technicisme de la vie psychique, dont une conséquence dangereuse est le risque de perte de contact avec son inconscient.
Une toute puissance déshumanisante qui incite à un technicisme de la vie psychique
En quittant le grand médecin, le dernier message qu’il m’adressa fut que l’esprit ou la psyché, comprenant tout ce qui est conscient et inconscient, est un et indivisible.
Je ne devais plus jamais le revoir, il décéda le 6 juin 1961 à l’âge de 86 ans, en relation avec son inconscient, comme il le souhaitait. Il s’est éteint paisiblement dans son sommeil.
L’histoire raconte que deux heures après sa mort, un orage d’une extrême violence, éclata et la foudre frappa le grand peuplier du parc de Küsnacht, à l’endroit précis où Jung aimait s’asseoir. Il aurait confié à ses intimes que le grand peuplier ne lui survivrait pas !
Comme vous pouvez l’imaginer après une telle rencontre, je n’ai pas choisi la voie facile du matérialisme et du cerveau machine. Cette voie que l’on retrouve dans les neurosciences et dont une des finalités est de télécharger le cerveau dans un ordinateur, rêve prométhéen s’il en est. Non, car comme m’avait averti le professeur Jung cette démarche conduit à une déshumanisation en ignorant toute une partie de notre psyché : notre inconscient. J’ai donc choisi la voie du cerveau et de l’esprit. Une voie bien plus difficile, une quête complexe de la relation du corps et de l’esprit. Cette quête a durée toute ma vie, le temps d’atteindre une maturité qui permet d’accepter le difficilement acceptable pour un scientifique.
J’ai donc choisi la voie du cerveau et de l’esprit
Je ne pourrai pas raconter ici tous les détails de mon parcours mais cet entretien avec Jung m’a ouvert les portes d’une vie extraordinaire, dont chaque rencontre et chaque expérience ont apporté leurs éléments de réponse à ma recherche sur les relations entre le cerveau et l’esprit.
Les grandes rencontres après Jung furent celles avec Napoleon Hill dont je serai l’élève, puis Marie-Louise von Frantz et Karl Otto Schmidt qui m’ouvriront les portes de l’université de Lausanne, de Bâle, d’Heidelberg et de Sarrebruck. Je développerai alors mes propres talents de thérapeute de l’échec. Via K.O. Schmidt, on me proposera ensuite de monter un centre de développement personnel pour milliardaires à Monaco, une expérience incroyable qui m’amènera à inventer une technique mentale d’auto-transformation extrêmement puissante (lire l’histoire de cette invention).
Une expérience incroyable qui m’amènera à inventer une technique mentale d’auto-transformation extrêmement puissante
En 1973, je revins à Paris où cette technique eut un très grand succès, notamment pour les personnes abandonnées par la médecine. Mon cabinet, au 7 rue de Chézy à Neuilly fut reconnu dans toute l’Europe. Je vis affluer dans ma salle d’attente des grands malades, dont la plupart étaient en fin de vie. Je les aidais à surmonter leurs peurs et à atténuer leurs souffrances physiques et morales. Ils étaient souvent envoyés par leur médecin traitant, leur chirurgien ou encore leur psychiatre pour les personnes en situation d’échec. Bien entendu, beaucoup de ces grands malades n’ont pas survécus. Mais tous, sans exception, sont soit sortis grandis, soit sont décédés dans la dignité. Le jour j’accompagnais mes patients dans mon cabinet et la nuit j’assistais les mourants. Telle était la contrepartie que j’avais choisie en échange de mon succès.
Mon cabinet, au 7 rue de Chézy à Neuilly fut reconnu dans toute l’Europe
Mon cabinet ne désemplit pas jusqu’en 1980, puis je me suis consacré à nouveau à mes recherches sur le cerveau et l’esprit. Elles m’ont notamment conduit à cette période-là à l’invention d’un test de personnalité d’une finesse encore inégalée. Peu après une nouvelle opportunité s’est présentée à moi, celle d’accompagner des entreprises en crise humaine dont les conséquences se faisaient ressentir sur les ventes, le marketing ou encore l’innovation. J’ai donc travaillé pendant 25 ans dans l’Institut de Cybernétique appliquée au Management (ICM) où nous avons fait émerger de l’imagination des collaborateurs des projets exceptionnels desquels je ne citerais que le Queen Mary 2 et l’idée des fameuses mascottes d’Oasis que l’on voit partout.
Je suis aujourd’hui retraité et je poursuis toujours mes travaux de recherche en tant que chercheur indépendant en neuroscience. A 74 ans, mon désir est de réaliser maintenant le rêve que j’ai eu lorsque j’avais 13 ans. Non pas celui d’accompagner quelques personnes en cabinet ou en entreprise, mais celui de permettre au plus grand nombre de personnes de trouver en eux le chemin menant à la réussite et au succès.
A 74 ans, mon désir est de réaliser maintenant le rêve que j’ai eu lorsque j’avais 13 ans
À la question “pourquoi avoir attendu plus d’un demi-siècle ?” je répondrai que la réponse était dans l’invisible et l’inconscient, comme me l’avait dit lui-même le grand psychiatre suisse. Il m’a fallu rencontrer des êtres d’exception de qui je devais apprendre ce que je sais, et vivre mes propres expériences pour réaliser, au crépuscule de ma vie, que je suis maintenant prêt à partager avec plus grand nombre mes découvertes sur le cerveau et l’esprit. Ce premier texte est le signal de départ d’une nouvelle aventure.